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Regardoc

Une série de 24 entretiens de cinéastes documentaristes présentés par Hadja Lahbib.

REGARDOC donne la parole à vingt-quatre documentaristes actifs dans la fédération Wallonie-Bruxelles, femmes et hommes, d’ici ou d’ailleurs, anciens et modernes, en noir et blanc ou en couleur, qui font leur tri personnel, poétique, engagé, enragé, dans cette grande marée des images qui nous submerge chaque jour. Un voyage dans le monde comme il va pour fixer leurs vertiges et un coup d’œil révélateur sur l’incroyable diversité des regards de nos cinéastes du réel.

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Marta Bergman

Avant de passer à la fiction avec le très remarqué « Seule à mon mariage », Marta Bergman a fourbi ses armes dans des documentaires tous tournés en Roumanie, son pays d’origine. Elle y a mis ensemble les deux faces de son travail : son intérêt pour le peuple rom et pour le vie des femmes, leurs fantasmes et leur rêves, comme dans « La ballade du serpent » ou « Un jour, mon prince viendra », des films sensuels et subtils qui creusent toujours les mêmes sillons de plus en plus profonds.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Nathalie Borgers

Nathalie Borgers, journaliste, militante, baroudeuse a appris le cinéma en Californie et depuis elle crapahute caméra au poing aux quatre coins du monde de la Belgique au Sahara jusqu’à Vienne en Autriche, où elle s’est fixée. De « Vents de sable, femmes de roc » à « Bons baisers de la colonie », son cinéma privilégie l’enquête, féministe et engagée et se permet souvent des images à couper le souffle.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Alain de Halleux

Alain de Halleux, chimiste de formation passé au cinéma pour filmer l’invisible, comme il dit, a fait du nucléaire et de ses dangers sa grande affaire « R.A.S, nucléaire, rien à signaler », «Chernobyl4ever », « Welcome to Fukushima », dix ans de documentaires irradiés où sa caméra, qu’il tient lui-même, se fait de plus en plus affutée. Voici un cinéaste multiforme qui ne s’interdit rien, ni le reportage documentaire pur et dur, ni l’enquête approfondie, ni le sketch. Il filme quand ça le prend, et toujours pour la bonne cause.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Marie-France Collard

Le cinéma de Marie-France Collard est politique, engagé, révolté : elle filme les opprimés, elle filme les invisibles, ses films sont des miroirs qui nous obligent à penser. Dans « Ouvrières du monde », elle balade sa caméra depuis l’Europe jusqu’à la Turquie, les Philippines et l’Indonésie, une enquête implacable pour démonter les rouages de la mondialisation. Puis elle filme le Rwanda, le génocide, l’impensable, auquel elle consacre plusieurs films dont « Rwanda, à travers nous l’humanité », entre théâtre et cinéma, ses deux passions depuis toujours.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Sarah Moon Howe

Le cinéma de Sarah Moon Howe est rivé à sa vie, elle ne parle que d’elle-même et de ceux et celles qu’elle aime et qui gravitent autour d’elle. Dans « Ne le dites pas à ma mère », elle raconte sa vie de strip-teaseuse. Puis elle filmera son fils autiste,puis d’autres femmes comme elle. Dans son dernier film « Celui qui saura qui je suis », elle entre dans une autre dimension, celle du statut des images et de ce qu’elles nous disent sur le réel, en inventant un nouveau genre : le thriller-doc.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Philippe de Pierpont

Philippe de Pierpont est un artiste multiforme, scénariste de BD primé à Angoulême, homme de théâtre, acteur, auteur de fiction, écrivain, mais surtout cinéaste. Sa grande affaire, c’est le Burundi où il a fait la rencontre il y a trente ans de six enfants des rues qu’il va filmer jusqu’à leur vieillesse et la sienne. Il en résultera quatre films envoûtants et poétiques dont les protagonistes se font petit-à-petit auteurs avec lui. Le dernier « La prochaine fois que je viendrai au monde » est nominé pour les Magritte 2019 du meilleur documentaire.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Jasna Krajinovic

Jasna Krajinovic filme ses documentaires comme de la fiction, elle a le don de réduire la distance, de mettre son objectif là juste où il faut, entre pudeur et émotion. « La chambre de Damien », « Un été avec Anton », « La chambre vide », ses films ne parlent que de la guerre, mais sans jamais la montrer. D’origine slovène, elle a vécu le déchirement de l’ex-Yougoslavie. C’est la magie et la force de son cinéma : on est toujours chez nous avec ses personnages, mais son moi blessé nous accompagne tout au long de ses images.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Marie Mandy

Marie Mandy est venue au cinéma par la photographie. Dans sa filmographie riche de près de trente films, « Madeleine au paradis » occupe une place de choix : un film où elle s’interroge avec tendresse sur la peur maladive de l’enfer qu’éprouve sa grand-mère arrivée au crépuscule de sa vie. Le cinéma de Marie Mandy est fait de questionnement : Comment voient les aveugles ? qui donnera « Voir sans les yeux » ; les femmes filment-elle comme les hommes quand il s’agit de la chair ? Et ce sera « Filmer le désir, voyage à travers le cinéma des femmes »… Sa prouesse est de mettre sur ses questions des images pleines de tendresse et d’imagination.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Eric Pauwels

Eric Pauwels, ethnologue, écrivain, professeur est un des plus singuliers des documentaristes belges. Dans ses premières images, il filme la transe et la danse, comme dans « Violon fase » avec Anna-Thérésa de Keesmacker. Il capte des moments uniques et le risque du spectacle vivant. Puis son cinéma se fait plus personnel, très écrit, très brodé, avec « La trilogie de la cabane », et ses thématiques fortes : la vie, la mort, la liberté, lui dans le monde, sa fille, sa mère, et le cinéma qu’il fait éclater en mille histoires et mille personnages.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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José-Luis Penafuerte

Dans « Les chemins de la mémoire » pour lequel il a reçu le Magritte du meilleur documentaire, José-Luis Penafuerte se penche sur les plaies toujours à vif de la guerre civile espagnole. Ses grands-parents, exilés espagnols en Belgique ont fondé son cinéma ; « Ninos », « Aguaviva » creusent la question de l’identité ; et il s’apprête à tirer une série de fiction de son dernier doc « Molenbeek, génération radicale », qui donne la parole à une jeunesse bruxelloise mélangée confrontée au terrorisme.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Jawad Rhalib

De documentaires en fictions, Jawad Rhalib se montre en cinéaste engagé, révolté, écorché qui fait de la mondialisation et du capitalisme ravageur sa matière minutieuse et dénonciatrice. Ses films sont des cris et le Maroc est son territoire, mais il peut s’en échapper, comme dans « Au temps où les arabes dansaient » pour évoquer un paradis perdu, celui de sa mère et de tous ces artistes musulmans confrontés aux dictats des fascistes islamiques.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Nicolas Rincon Gille

Nicolas Rincon Gille, le colombien de Belgique a voulu raconter en trois films le déchirement de son pays d’origine, miné par trente ans de guerre civile. « El escondido », « Los abrazos del rio », « La noche herida », de la forêt à la ville, en passant par le fleuve, trois films pour sauver avec des personnages magnifiques une tradition orale en train de sombrer face à la violence.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Valéry Rosier

Valéry Rosier s’est donné une mission : filmer l’infilmable, le temps qui file, l’ennui, le rien faire, la solitude, le silence. Dans « Dimanches » et « Silence radio », des docs très préparés, hyperréalistes, d’une absolue justesse et d’une grande tendresse, et dans le long-métrage de fiction « Parasol », le temps se dilate à l’intérieur de plans quasi fixes, entre Tati et Buster Keaton, entre burlesque et tragique.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Olivier Smolders

Olivier Smolders est un cinéaste extra-terrestre, capable d’inventer « La part de l’ombre », un documentaire sur un photographe hongrois qui n’existe pas ; de s’emparer des carnets de collage d’un malade psychiatrique et d’en faire « Une légende dorée » ; ses documentaires sont des ovnis qui semblent vouloir percer un secret : les films de famille qui cachent la mort dans « Mort à Vignole », l’âme et le corps dans « Petite anatomie de l’image », mais il peut redescendre sur terre pour donner la parole à ses élèves de toutes origines dans « L’accord du pluriel ».

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Yaël André

Yaël André, Magritte du meilleur documentaire pour « Quand je serai dictateur » adore inventer des vies, retomber en enfance, imaginer tous les possibles. Avec son cinéma qui explore à l’aide de cartes, de chats errants, d’images de famille glanées ça et là, elle se délecte en se glissant dans ces zones temporaires d’inutilité, comme elle dit. Et puis, il y a l’amour. Dans « Histoires d’amour », une chaise, un chat, une cigarette, une moue, un sourire, disent tout du foudroiement, du plus timide au plus loufoque : un cinéma à hauteur d’animal et à hauteur d’homme.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Jérome le Maire

Jérome le Maire prend le temps, c’est le temps qui structure tous ses films. Il a reçu le Magritte du meilleur documentaire pour « Burning-out », une immersion vertigineuse dans le service chirurgical d’un hôpital parisien où il a filmé plusieurs mois. Mais c’est au sud du Maroc, où il s’est installé avec sa famille, qu’il s’est mis au cinéma : « L’amour dans la palmeraie », « Le thé ou l’électricité », une caméra qui filme avec tendresse un monde qui s’efface, mais qui semble toujours croire à un avenir meilleur.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Anne Lévy-Morelle

Anne Lévy-Morelle est une brodeuse d’images et une tisseuse d’histoires, elle construit ses films comme les fils sur un métier. Dans « Le rêve de Gabriel », elle entrecroise témoignages, images familiales et vues de forêt, montagnes et nature pour raconter l’épopée d’une famille belge émigrée en Patagonie. Avec « Sur la pointe du cœur » et « Casus belli sur les sentiers de la paix », elle entrelace images et histoires pour faire lentement émerger, fil après fil, une profonde humanité.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Claudio Pazienza

Claudio Pazienza n’est pas un cinéaste ordinaire, son regard nous invite à aller au-delà de ce que nous voyons. Il manie avec brio l’art de la juxtaposition et de la disgression entre scènes filmées, images d’archives, extraits de fictions ; et quand il filme, il se met dans un état second : ses parents, des ombres de sanglier, un tableau avec chute, de l’argent dit aux enfants, de la viande du cinéma : chacun de ses films est une expérience, un essai, une tentative pour s’aventurer au-delà de l’image, jusqu’à nous en rendre orphelins.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Caroline D’Hondt

Il lui faut un dessin, une figure, des noms, des symboles tracés aux crayons de couleur sur un bout de papier avant de se lancer dans un tournage. Pour « Inside the labyrinth », l’emblème du peuple Tohono O’odham, peuple indien dont la réserve se situe à cheval sur les Etats-Unis et le Mexique, leur emblème, le labyrinthe s’est imposé de lui-même. Après « Correspondances » et « Ex-voto », Caroline D’Hondt poursuit sa chronique documentaire du Mexique et de l’immigration, comme un écho à notre propore situation.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Pierre-Yves Vandeweerd

Le territoire de Pierre-Yves Vandeweerd, ce sont les déserts, les montagnes, les non-lieux, et la guerre, une de ces guerres oubliée, au front figé, comme dans « Territoire perdu », filmé au Sahara occidental ou « Les éternels » au Nagorny-Karabakh. Avec ses vieilles caméras super 8 et 16, ses armes de guerre, il filme les piégés de l’histoire. Une œuvre qui s’enracine dans le réel pour mieux s’en échapper.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Jorge Léon

Jorge Léon est venu au cinéma par la photographie, et aussi par la psychanalyse, qui le fascine. Son cinéma se pose toujours aux lisières : dans « Before we go » des patients d’une unité de soins palliatifs rencontrent des danseurs du Théâtre de la Monnaie, un dispositif qui lui permet de capter des scènes d’une beauté fulgurante ; « Vous êtes ici », « Vous êtes servis », « Mitra », film après film, Jorge Léon repousse chaque fois plus loin les limites du cinéma documentaire et de la performance.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Sophie Bruneau

Sophie Bruneau est avant tout anthropologue et pour elle, le temps au cinéma et le tempo, entre l’arrêt et la vitesse sont cruciaux pour saisir l’essence des choses, comme dans « Arbres », créatures qu’elle traque partout dans le monde, « La corde du diable » sur l’histoire du fer barbelé en 88 minutes et 88 plans d’ouest en est, ou « Rêver sous le capitalisme » sur le hors-champs des songes, une œuvre leçon de liberté, dans les images comme dans la vie.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Jean-Christophe Yu

En bon historien de l’art qu’il est Jean-Christophe furète dans les caves et les greniers, où il déniche des vieilles pellicules, des photos oubliées de ses ancêtres chinois et les transforme en films : « Rues de Liège en deux temps », « Sur la piste de Yu-Bin », mélant avec brio la petite histoire de sa famille à la grande. Et comme avec « Somville, un artiste parmi les hommes », dans le cinéma de Jean-Christophe Yu, c’est toujours d’art et d’engagement qu’il est question.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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Benoit Dervaux

Benoît Dervaux, le chef op’ des frères Dardenne porte la caméra comme si elle était chevillée au corps et à celui de ses personnages : les enfants des rues de Bucarest dans « Gigi, Monika et Bianca ». Comme dans « La devinière » où il montre avec tendresse la maladie mentale ou dans « Rwanda, la vie après » auprès des femmes violées pendant le génocide et de leurs enfants nés d’un acte barbare. Benoît Dervaux, un des regards les plus sensibles du documentaire belge.

Ecrit par Patrick de Lamalle et Hadja Lahbib, réalisé par Jonas Canon

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